Quelques critères pour définir un média alternatif

Cet article est issu du numéro 332 (février 2006) de la revue S!lence (un de nos partenaires), pages 6 et 7.
Ces critères nous aident à sélectionner le « best of » de médias libres disponible ici !

>>> Présentation de propositions constructives, dans un ou plusieurs domaines, avec pratiques concrètes, ainsi que de nombreuses adresses utiles et contacts, et de lectures, pour aller plus loin, agir à son niveau, laisser une grande autonomie à celui-celle qui lit.

>>> Esprit critique vis-à-vis de la société marchande et pyramidale/hiérarchique. Ceci se fait par exemple à l’aide d’analyses, de dossiers, avec des données précises sur le fonctionnement du système capitaliste.

>>> Son fonctionnement relève d’une structure démocratique : c’est ce qui caractérise par exemple une association qui ouvre son assemblée générale à ses lecteurs. Cela peut parfois être le cas avec une coopérative. L’absence de directeur ou rédacteur/rédactrice en chef, ou la prise de décision collective des articles et dossiers à publier sont également des pratiques qui favorisent la démocratie au sein d’un média.

>>> L’autonomie financière est essentielle, et c’est l’un des critères principaux et irréductibles : un média alternatif doit pouvoir vivre largement sans l’aide financière de la publicité, de collectivités publiques ou d’entreprises extérieures, sinon sa force, sa légitimité, sa pertinence et sa longévité sont gravement menacées. Un lectorat ou public fidèle et un nombre d’abonné.e.s conséquent et stable permettent le plus souvent cette nécessaire autonomie vis-à-vis du pouvoir politique ou économique.

>>> Ses sources d’informations doivent être indépendantes, larges et multiples : centres de ressources, échange-presse, extraits d’autres revues d’informations recoupées, « belles pages » de livres… et permettre la pluralité des opinions.

>>> Il ne considère pas l’information comme une marchandise et donc il est libre de droit d’auteur sous réserve d’indiquer la source et des coordonnées, ce que dans le milieu on appelle « copyleft » par opposition au « copyright » de la presse classique.

>>> Il devrait être ouvert et participatif. Lecteurs et lectrices sont invité.e.s à contribuer à ce média sous de multiples formes : envois de brèves et correspondances, propositions d’articles et de dossiers, liste de contacts, idées de livres à chroniquer, illustrations (photos, dessins, …), et bien sûr courrier des lectrices et lecteurs, souvent des réflexions et interrogations.

>>> Favoriser la coopération entre les rédacteurs, entre les rédactions, entre les lectorats, par opposition à la « guerre économique » et la compétition qui ruinent la planète, sa beauté et sa complexité. Montrer que l’on peut faire le chemin ensemble… et non en courant devant les autres en montrant que l’on est le plus fort et le plus radical et que l’on a un beau nombril !

>>> Populaire par sa lecture, il doit être lisible par le plus grand nombre et donc utiliser un vocabulaire accessible à toutes et tous.

>>> D’un prix abordable, on peut se le procurer sans se ruiner.

>>> Il vise un esprit non violent, non manichéen, en évitant un ton agressif, les virages à 180°, la violence verbale, les insultes. Il évite de classer les bons d’un coté (les écolos, les décroissant.e.s, les anarchistes, …), et les méchants de l’autre (les automobilistes, les gens qui regardent la télé, qui votent, …) : notre planète est plus subtile que cela, tout est dans l’art de montrer comment faire évoluer les choses, comment toucher les personnes, trouver des niveaux d’engagement différents. Pour se déplacer par exemple, présenter différents niveaux, par exemple 1, 2, 3 ou 4 : faire du covoiturage, prendre le bus, faire du vélo , marcher à pied… Ceci tout en restant exigeant dans les objectifs : tendre vers la simplicité volontaire individuelle et la sobriété collective, réduire notre empreinte écologique…

>>> La féminisation des textes et une équipe de rédaction équilibrée femmes-hommes est souhaitable. La féminisation consiste à faire en sorte que le mot « homme » ou que le masculin ne l’emporte pas systématiquement dans un média : féminiser les métiers (auteur.e, député.e, conférencière, …), et les expressions toutes faites (les droits humains et non de « l’Homme »). Les mots et leur employeuses ne sont jamais neutres, aussi montrez que nous sommes dans une société où la femme peut et doit avoir toute sa place dans les métiers, dans la grammaire, les textes de loi… et dans toute la société !

>>> Rechercher la cohérence : une revue écologique se doit d’être imprimée sur du papier recyclé blanchi sans chlore (à l’oxygène par exemple), sans gâchis de papier lors de l’impression ou de la gestion des invendus.

Cette liste, sûrement incomplète, vous semble utopiste, idyllique ? Beaucoup de revues et médias différents que nous connaissons et recensons respectent la plupart de ces critères… Donc c’est bel et bien réalisable, à condition de bien le vouloir et d’y mettre les énergies !

 

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